Aujourd'hui 19 janvier, les élèves de 3B du collège Sainte Anne rencontraient le poète Erwan Bargain, qui écrit des textes comme on se débarrasse de ses démons intérieurs – la nuit, de préférence... Textes déroutants dans leur forme, beaucoup de jeux de mots, de néologismes (comme le titre du recueil : Schizométrie... ) et de doubles sens. Il dit lui-même qu'à ses poèmes il existe une porte d'entrée qu'il faut trouver : à la différence de la peinture, le texte ne s'ouvre qu'à celui qui s'implique vraiment dans l'acte de lecture. Il dit encore combien son travail d'écrire est exigeant, et long parfois, et que dans ce temps de création seul compte le travail sur soi. Ce n'est que bien plus tard qu'entreront en scène les lecteurs, chacun alors, s'il le veut - s'il le lit! ...- fera vivre le texte d' une manière nouvelle. Le premier d'entre eux, l'éditeur, peut aussi changer la règle du jeu poétique, proposer, par exemple, de supprimer la pontuation... Et puis l'illustrateur, Jean Tirilly, peintre dont l'oeuvre est traversée des mêmes tourments que celle de Bargain, et qui ici partage avec nous, avec ses mots de peintre, ses images de lecture. Et nous aussi : dans le long cheminement qui relie l'écrivant au lisant, il faut que chacun accomplisse sa part, lise les mots, les prononce, les habille de couleurs, de musiques, de songes. Comme la Bretagne, la poésie n'existe que parce que des gens se reconnaissent, ou se découvrent, ou se rêvent... poètes.