La classe de Jean-Michel Le Baut s'est essayée avec Jean-Pierre Siméon au jeu du portrait chinois.

Ce matin à la bibliothèque St Marc

Voici quelques notes prises à l'occasion de cette "rencontre-portrait".

  • Si j'étais un poème ? Je serais "Barbare" de Rimbaud, pour le chaos, les chocs répétés, et la douceur au milieu de tout ça.

(Pour lire ce poème, cliquez ici)

  • Si vous étiez un personnage célèbre, qui seriez-vous ?

C'est difficile de répondre... Quand on est un personnage célèbre, on n'est plus soi-même ! Je répondrai quand même Louise Michel, c'était une femme remarquable !

  • Si vous étiez un poète d'autrefois ?

Je serais François Villon, c'est une passion d'adolescence. C'était un mauvais garçon, j'aime l'image du bonhomme, vous connaissez "la ballade des pendus ?" (pour la lire) Non ? Lisez cet auteur de toute urgence...

  • Si j'étais une émotion ? je serais la tendresse, car je la revendique ! je revendique aussi la colère, la colère saine, forte, maîtrisée. Il faut qu'on soit armé de colère franche. En fait, il faudrait être un mélange de colère au nom de la tendresse.
  • Si j'étais un moment, je serais la nuit. Je suis fou de la nuit. La nuit, on est dans une prise immédiate avec la grande respiration du monde.
  • Si j'étais un sentiment ou une émotion, je serais l'étonnement. Il faut être un étonnement perpétuel. Rester vivant, c'est rester étonné... Il faut travailler le muscle de l'étonnement, il se fatigue vite !
  • Si vous étiez un astre, lequel seriez-vous ? Je serais plutôt un météorite, pour voyager, ou une étoile filante, qui voit du pays. En fait, il faudrait qu'on soit tous les éléments à la fois. Comme l'écrit Andrée Chédid, il faut "sortir de notre étroite peau".
  • Si j'étais un verbe, je serais le verbe "aimer", j'ai envie d'être un être amoureux, dans une relation étonnée, désirante, ouverte au monde, dans un rapport amoureux au monde.
  • Si j'étais une couleur, je ne serais pas qu'une couleur, mais plutôt l'arc en ciel. Je n'ai de désir, d'appétit que pour ce qui est multiple, pour le mélange, la diversité...
  • Si vous étiez une phrase ? je serais celle-ci, écrite par René Char : "Fais escorte à tes sources, hâte-toi de transmettre ta part de merveilleux, de rébellion, de bienfaisance". Transmettre, c'est merveilleux ! "Hâte-toi de transmettre" : c'est ma vie, c'est pour ça que je suis là aujourd'hui, avec vous.
  • Si vous étiez un proverbe ? Ce serait "Qui vivra verra", un proverbe au futur, au sens : il y a toujours davantage à voir quand on vit ! C'est comme ça que j'entends ce proverbe.
  • Si vous étiez une femme ? J'aimerais être Andrée Chédid, cette femme magnifique de générosité, elle donne sans cesse, elle est intègre, mais rebelle aussi. Lisez d'elle "Le sommeil délivré", c'est paru en Librio, c'est une parole d'espoir. Je pense qu'il faut reconstruire sans cesse les raisons du bonheur, le bonheur, ça se construit, ça se pense, le malheur, vous savez, il arrive tout seul !

  • Si vous étiez un film ? ou un réalisateur ? Je serais Charlie Chaplin, il est humain, drôle, on s'y retrouve tous ! Je me sens souvent un peu Charlot. Charlot, c'est le petit contre les gros, celui qui ne se laisse pas faire, sa dimension d'humanité me plaît...
  • Si j'étais une date ? Je serais la date de la libération des camps de concentration. L'homme n'a jamais été aussi loin que là, dans le meurtre organisé. La date à laquelle ça s'arrête, croire qu'il y a un au-delà à cela, c'est essentiel ! Lisez "Si c'est un homme" de Primo Levi, jurez-moi que vous le lirez !
  • Si vous étiez un lieu ? Je serais deux lieux à la fois. Paris, détesté et adoré, et n'importe quel petit port de pêche breton, donnez-le moi, je le prends ! Pour moi, c'est le petit lieu où tout le monde se rassemble pour affronter la grande mer effrayante.
  • Si vous étiez un peintre ? Je serais Jérôme Bosch, pour son regard sur la cruauté du monde, mais je serais aussi Bram Van Velde, pour l'abstraction dans ses tableaux, la spiritualité qui s'en dégage.

Jérôme Bosch

Bram Van Velde

  • Si j'étais un pays ? J'ai horreur des frontières, de ce qui limite. Vous en dire un, c'est me priver des autres. Ne m'obligez pas à choisir. Cependant, je serais plutôt un pays du sud, où la liberté d'être est plus grande que dans les pays du nord, où la simplicité du rapport avec l'autre est plus évidente.

  • Si j'étais un instrument de musique, je serais sans hésitation le violoncelle, pour ce qu'il exprime, pour sa texture, sa sonorité. Si l'âme humaine a une voix, c'est celle du violoncelle...
  • Si j'étais un mot, je serais le mot "mystère", pas "mister" ! ou alors "mister mystère". Je trouve que c'est un mot qui porte en lui-même son sens.
  • Si j'étais une chanson, je serais une chanson de Ferrat, de Ferré, un texte d'Aragon par exemple, ou bien encore Lili de Pierre Perret, pour sa dimension d'humanité toute simple, cette chanson parle vrai, juste.