L'art d'offrir des poèmes...
Par Claire Quéré, mardi 2 décembre 2008 à 15:17 :: Rencontres :: #259 :: rss ?> ::
Vendredi 28 novembre 2008, à15 h 30, les 3eD du collège de Kerichen et leur professeur de français, Madame Bergot, avaient rendez-vous au CDI avec le poète Gérard Le Gouic.
- Moment d’hésitation de part et d’autre. « Comment sont les élèves ici ? » « C’est comment, un poète ? » Puis l’alchimie opère. Un élève se lance dans la lecture d’un des poèmes qu’il a préférés. C’est moins intimidant que de poser une question, mais ça en dit plus sur soi-même.
- L’auteur commente, explique, confronte sa vision avec l’interprétation des élèves, du professeur. Peu àpeu les lectures s’enchaînent, ponctuées par Gérard Le Gouic d’un éclairage par ci, d’une confidence par là.
- Puis, la glace se brisant, viennent les premières questions : pourquoi vos poèmes ne sont-ils pas rimés ? Parce qu’il est de son temps. Comment vous vient l’inspiration ? Tout semble l’inspirer. Etes-vous connu ? De certains, oui, et même traduit en neuf langues ! Vous astreignez-vous àécrire tous les jours ? A quel moment ? Comment savez-vous qu’un poème est achevé ? Quand décidez-vous d’en faire un recueil ?
- Petit àpetit le poète nous dévoile sa façon de vivre en poésie : l’écriture, le matin, face àla fenêtre ouverte sur une nature infinie ; le passage du crayon, pour se lancer, àla machine àécrire, (oui, oui, la machine, pas le traitement de texte), quand il pense avoir terminé ; les poèmes classés en trois piles pour tenter de construire un recueil ; ceux qu’il aime moins, remisés dans une chemise en attente de la retouche qui leur fera retrouver grâce àses yeux ; le petit carnet qui ne le quitte pas et qu’il révèle ànotre curiosité, un peu comme si nous visitions les cuisines d’un grand restaurant.
- Au-delàdes vers, c’est aussi un peu de sa vie qu’il nous livre : l’enfance àParis, les dix ans en Afrique, avant le retour vers cette Bretagne tant aimée, qu’il sillonne inlassablement, affichant 55 000 km par an au compteur d’une voiture qui ne va pourtant guère au-delàde Saint-Malo…le premier poème, encore étudiant, pour la revue interne d’une école de commerce, ceux écrits en Afrique, sur la Bretagne, et ceux écrits sur l’Afrique… en Bretagne.
- Et puis les nouvelles, les fables, les pièces de théâtre. « Tenez, voici d’ailleurs comment est née la dernière… ». Et de faire rire son auditoire avec une anecdote pourtant teintée d’amertume. Car chez Gérard Le Gouic le sens des mots va de pair avec celui de l’humour, et son public passe par tous les états d’esprit, ému par une strophe, amusé par une fable, - Vous a-t-il raconté celle de la puce et de l’éléphant ? - , captivé par une nouvelle.
- Un carnet en amenant un autre, le voici qui nous sort de sa musette son ultime trésor, dont la couverture noire griffée d’arabesque protège jalousement les haïkus écrits au printemps et non encore publiés. Numérotés de un àcent-trente-sept, ils ont rythmé son séjour près du Mont-Saint-Michel. Demandant àquelques heureux élus de choisir un nombre, il nous les offre comme un viatique avant de nous quitter, quelques mots qui résonnent dans le CDI et accompagnent les élèves vers le retour en classe et àla réalité. Il est bientôt 17 h 30 et la rencontre devait durer une heure…
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment.
Ajouter un commentaire
Les commentaires pour ce billet sont fermés.