Rencontre créative au CHU
Par Corinne Prigent, mercredi 3 décembre 2008 à 20:52 :: Rencontres :: #260 :: rss ?> ::
La petite salle de classe du CHU Morvan accueille ce mardi 2 décembre au matin le poète Jean-Claude Touzeil, auteur du recueil « Parfois » ; cinq élèves participent àla rencontre : Sarah, Gaël, Nicolas, Gwenaëlle et Nolwenn, depuis sa chambre via une webcam.
- Pour vous dire la vérité, les enfants se méfiaient un peu de cette visite, ils suspectaient le poète de vouloir leur faire apprendre et réciter des poésies, bref, que cette rencontre soit en quelque sorte un cours déguisé...
Connaissez-vous Robert Desnos, demande JC Touzeil aux enfants ? Il a écrit un poème àpropos d'une fourmi de 18 mètres ? Ces derniers le regardent, un peu méfiants, il récite alors :
- Une fourmi de dix-huit mètres
- avec un chapeau sur la tête
- ça n'existe pas, ça n'existe pas
- Une fourmi traînant un char
- plein de pingouins et de canards
- ça n'existe pas, ça n'existe pas
- Une fourmi parlant français
- parlant latin et javanais
- ça n'existe pas, ça n'existe pas
- eh ! et pourquoi pas !
- Et pourquoi pas... reprend JC Touzeil ! ce qu'il y a de bien en poésie, c'est qu'on peut imaginer ce que l'on veut !
Oui, s'exclame Nicolas, un renard avec une queue en fer, par exemple ! Gaël regrette de ne pas avoir pris avec lui son livre de français dans lequel figure un poème qu'il aime particulièrement : Iles, de Blaise Cendrars.
- Surprise et coïncidence : JC Touzeil l'a apporté avec lui pour la rencontre de ce matin et leur propose d'écrire àleur tour un poème en s'inspirant de la forme de celui de Cendrars.
- Iles
- Iles
- Iles où l'on ne prendra jamais terre
- Iles ou l'on ne descendra jamais
- Iles couvertes de végétations
- Iles tapies comme des jaguars
- Iles muettes
- Iles immobiles
- Iles inoubliables et sans nom
- Je lance mes chaussures par-dessus bord car je voudrais
  bien aller jusqu'à vous
Blaise Cendrars Feuilles de Route
- En moins de dix minutes, l'affaire est réglée, un poème àquatre voix voit le jour, le voici :
- Bonbons
- Bonbons
- Bonbons de la boulangerie
- Bonbons àpartager entre amis
- Bonbons acidulés
- Bonbons chocolatés
- Je vous garde dans un bocal pour vous manger plus tard !
- Suivant le même principe, JC Touzeil raconte aux enfants l'histoire d'un petit chat qu'il est allé chercher àdeux reprises dans un chêne, pour le tirer de ce mauvais pas, et leur dit le poème qu'il a composé àpartir de cet événement :
- Le chat dans le chêne
- Le freux dans le frêne
- et le geai dans l'if
- Le paon dans le pin
- Le taon dans le thym
- et le geai dans l'if
- L'huître dans les houx
- La chouette dans les choux
- et le geai dans l'if
- Il leur propose alors d'écrire àleur tour un poème ; Gaël se lance :
« La marmotte dans le marronnier » C'est formidable s'exclame le poète, on l'imagine tout de suite cette marmotte en haut de son marronnier ! Gwenaëlle poursuit : « la sardine dans le sapin » Oui, continuez ! les encourage-t-il, c'est bien ! Nolwenn, via la webcam, s'exclame : « la licorne dans le likidambar » (Bravo Nolwenn ! Plutôt bien trouvé !) Nicolas àson tout propose « Le chat dans le châtaignier » Gaël se fend d'un « orang outan dans un oranger » et « un corbeau dans un cocotier » vient clore le poème.
- Les enfants sont lancés, prêts pour créer ànouveau... JC Touzeil leur lit alors un court poème d'Eugène Guillevic, paru dans « Echos, disait-il » :
- « Je ne suis pas content, disait l'orage, c'est trop court ! »
Le principe est vite compris, les propositions fusent, Nicolas propose :
- « Je veux casser tout, disait la mer d'Iroise, je veux gommer les îles ! »
Le poète s'essaie au jeu :
- « Encore une vague, disait la mer d'Iroise, encore une vague ! »
Gaël enchaîne :
- « Un jour ces trésors enfouis, disait la mer d'Iroise, je vous les balancerai ».
- « J'aime tous les poissons, disait la mer d'Iroise, que je berce continuellement ».
JC Touzeil offre àGwenaëlle, en guise de conclusion :
- « Ma chère Gwenaëlle, disait la piscine du Moulin blanc, tu nages comme une sirène ! ».
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