Jeudi 11 décembre, le poète Renaud EGO rencontre les élèves de Mme Vilmin au lycée de Kerichen
Par Agnès Bellec, lundi 15 décembre 2008 à 11:08 :: Rencontres :: #263 :: rss ?> ::
Durant une heure, dense, passionnante, Renaud Ego va se plier au jeu des questions-réponses Sur les genoux des élèves, son recueil, lu, annoté, marqué : « La Réalité n'a rien àvoir »
Quelques extraits de ces échanges :
- Quelle est la place du poète dans la cité ? : le poète est un « plâtrier du langage ». La langue est un matériau qu’il ne faut pas laisser aux mains de ceux qui figent les mots et les enferment dans des sens uniques.
- Les poètes sont ceux qui travaillent la langue pour qu’elle reste vivante, souple, plastique, ceux qui rendent aux mots « leur dimension de formes ouvertes »
- Dans certaines cultures, le poète est « celui qui chante », qui enchante par la langue, pour que la vie reste un « enchantement »
- Quel rapport avec les autres arts ? : : comme la peinture, la musique, le langage sert àcréer des représentations mentales
- Comment devient-on poète ? une adolescence compliquée. La poésie comme moyen de dénouer la complexité. De la ré agencer pour « être làoù je trouvais ma place »
- Et comme enjeu plus profond, le droit àla parole « prendre la parole »
- Le rapport àla complexité de l’écriture : Le poète découvre entre le poème àson origine et ce qu’il va devenir, un entredeux qu’il ignore. « Ecrire consiste àtravailler avec les mots et àêtre travaillé par eux », « ne pas laisser les mots se laisser réduire àleur prétendue substance, comme s’il s’agissait d’une matière stable ». Le poète devient alors révélateur d’un poème qui a son existence propre. Il s’agit d’un long travail, plusieurs années parfois.
- Le poète doit être d’une grande humilité et reconnaitre alors son ignorance face àse qui se joue.
- L’absence de ponctuation : ouvre des perspectives de constructions multiples, de lectures multiples. Liberté pour le lecteur de poser ses propres scansions, son propre rythme.
- Poésie abrupte, élitiste ?
- Il faut plutôt parler de densité : tentative de dire le maximum avec le minimum de matériaux
- Les mots sont des mots simples
- Le manque de clarté immédiate induit un espace de liberté. Tout ne doit pas être en pleine lumière La transparence peut devenir une forme de pouvoir.
- Peux t on tout dire avec le langage ? On ne peut pas tout dire, on ne devrait pas tout dire. On ne sait pas tout de ce qu’on dit
« J’écris contre un reflexe consumériste. Je deviens violent mais avec la puissance de la douceur »
- Contredire, contrechant : pouvoir que chacun a àune vraie affirmation
« A l’aide de quelques mots, je me donne les moyens de ne pas être dit, de ne pas me faire avoir »
- Poésie engagée ? : la littérature engagée peut réussir, sans avoir l’air de s’engager. Hors de l’expression déclamatoire qui peut mener àl’épuisement.
- Naturellement, on est engagé dans l’existence. Engagé dans une pensée critique.
- Il s’agit bien de ne pas se « faire avoir » par un discours dominant.
- Réinterroger mots et expressions convenus, slogans et mots d’ordre, ne pas laisser « identifier un mot àune chose ou àune signification donnée une fois pour toute » Ex : « seuil de tolérance »
- L’important est de re-charger, ré-armer le langage, redonner leurs angles aux mots, un tranchant, des terminaisons pour retrouver le plaisir
- « Nous nous servons du langage comme d’une drogue douce qui nous stupéfie, entourés de trafiquants »
- « Je suis vivant
- Tu es vivant..
- Nous sommes vivants.. »
Agnès Bellec, médiathèque de Pontanézen
Commentaires
1. Le lundi 15 décembre 2008 à 11:09, par Agnès Bellec
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