Le titre du recueil

Pour l'auteur le titre de son recueil évoque un homme qui n'est pas protégé, quelqu'un de perdu, dans le malheur. Le manteau c'est quelque chose qui nous protège. Le poème est comme un manteau de paroles qui nous sert également de protection contre la réalité.

Ecrire ce livre pour l'auteur, c'était s'adresser aux adolescents pour leur parler de ce qui les concerne. La vie, la mort, l'optimisme, le pessimisme, les joies de la vie et les désenchantements... Le but c'est de partager ce qui nous passe par la tête quand on écrit. La poésie, la parole sont des manières d'affronter la réalité, des façons d'être moins seul.

Le poète, pour JP Siméon peut se définir comme un ami, quelqu'un qui se met à nu, qui s'épanche et vers qui se tourner pour réfléchir, dialoguer. Le poète est là pour dire le monde et nous permettre de le regarder différemment, de le comprendre ou de l'observer avec du recul grâce à un autre regard.

Comment lire de la poésie ? Pour lire de la poésie il ne faut pas avoir d'idées préconçues, de schémas de lecture prêts à l'emploi. La poésie offre une grande liberté de lecture. Un objectif est d'aider les autres, les lecteurs, à penser par eux-mêmes, à trouver leur(s) interprétation(s).

Il en va ainsi du travail de l'illustratrice par ex. Elle a choisi seule les couleurs, les lignes...à chacun ensuite d'y voir ce qu'il entend. Le noir peut ainsi symboliser la mort, les ténèbres et le mystère, mais d'autres trouveront une interprétation plus personnelle. Le rouge de la couverture peut alors évoquer la sang de la vie ou celui qui est répandu et qui conduit à la mort...tout est ambivalent. De même, les formes peuvent rappeler les mailles, les mouvements...le poème nous met en mouvement et nous emplissons les vides par ce qui nous traverse. Les espaces du poème ou des illustrations parlent des incertitudes et c'est à nous de les interroger.

Remailler, c'est réunir ce qui est disjoint. C'est le travail qui revient au lecteur. C'est ce que fait le poète en créant lorqu'il souligne par exemple les liens qui explosent à cause de la guerre, d'un chagrin, d'une émotion....

Pourquoi être devenu poète ? C'est un long cheminement qui prend sa source dans la jeunesse du poète. Alors qu'il était en troisième JP Siméon s'est dit : «  Je veux être poète ». Cette vocation lui est venue de ce qu'il aimait lire la poésie, cela le passionnait. De la lecture, possible grâce à un père lui-même adepte de poésie et à un goût prononcé des mots, il est passé à l'écriture. L'émotion intense ressentie à la lecture des poèmes a renforcé cet amour. La poésie est une parole de confidence.

Ne pas comprendre n'est pas important : La poésie n'est pas incompréhensible, elle est inexplicable. L'écriture est une étape qui a suscité chez l'auteur une très grande émotion. Le fait d'être devant la page blanche lui a donné une impression de liberté intense. Lecture et écriture se sont alors liées. Un jour, l'étape suivante a été franchie lorsque l'auteur a donné ses textes à lire à son père et que ce dernier, après avoir pris du temps pour les lire, lui a dit «  c'est formidable, continue ! ». Le jeune homme a plus tard découvert que son père avait lui aussi écrit et publié. Il existait sans qu'il le sache une filiation poétique entre eux.

La poésie c'est quand même difficile à comprendre ! Est-ce normal ? Oui. Il ne faut pas se décourager. Au contraire, ne pas comprendre chez JP Siméon suscitait une certaine excitation, une envie de creuser le mystère. On ne lit pas la poésie comme il faut selon lui. Lire de la poésie comme on lit un roman, ou comme on nous apprend à la lire en classe c'est comme de jouer au foot avec un ballon de rugby. La poésie ne raconte pas une histoire, elle cherche à dire ce qu'on n'arrive pas à dire ordinairement. Elle cherhce à dire l'indicible, des choses compliquées, mystérieuses. La lecture doit être patiente, tranquille. Parfois, il y a en nous une raisonnance, ça a un sens en nous malgré nous. Un poème doit se lire, se relire, il faut s'y abandonner. Il faut aussi du temps pour comprendre. Parfois il faut mûrir. Dans un poème il y a des résistances. Un poète ne peut pas dire «  je t 'aime » comme tout le monde.Il préfèrera dire : «  à la place du ciel, il y a ton visage » ou «  la courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur »... La poésie demande un effort qui permet d'accèder à des choses inattendues.

Dans un monde où tout va très vite il est parfois important de s'arrêter et de prendre son temps pour lire, contempler..un poème nous fait nous arrêter. Il permet l'envol de l'oiseau du sens.

Et voyager, est-ce source d'inspiration ? Oui. Voyager c'est sortir de soi, de chez soi. Le poète a un appétit du monde, c'est le pas en avant qui le pousse, il aime être confronté à l'inconnu.

Etre curieux permet aussi de nourrir le poète. Etre curieux, c'est regarder, écouter, lire. JP Siméon lit beaucoup de poésie mais aussi des polars, des essais, des romans d'aventure..; il a des goûts très différents. Pour lui, quand on est lecteur il faut savoir fouiner pour trouver ce qui nous plait.

Le poète nourri de tout cela est celui qui ne parle pas comme tout le monde avec le langage de tout le monde. Il sert à réinventer la langue pour la transmettre. Etre poète c'est donner une valeur aux mots, aux choses. Un poète n'écrit pas pour être connu, ce n'est pas ce qui importe.

Derniers mots Finalement un poète ce n'est pas un type solitaire et asocial en haut de sa tour d'ivoire, se tourmentant sur son oeuvre !

Moi, ça m'a donné envie de continuer à lire de la poésie.

JP Siméon, il pense exactement comme moi. Il a réussi à dire ce que moi je ressens et grâce à lui je vais continuer d'écrire.

Mon image du poète a changé.

Moi, je trouve toujours que la poésie c'est pas intéressant.

C'est marrant parce qu'il est préoccupé par les mêmes trucs que nous.

Je suis plus motivée pour lire de la poésie.

On va en rencontrer d'autres, des poètes ?