• Moment d’hésitation de part et d’autre. « Comment sont les élèves ici ? » « C’est comment, un poète ? » Puis l’alchimie opère. Un élève se lance dans la lecture d’un des poèmes qu’il a préférés. C’est moins intimidant que de poser une question, mais ça en dit plus sur soi-même.
  • L’auteur commente, explique, confronte sa vision avec l’interprétation des élèves, du professeur. Peu à peu les lectures s’enchaînent, ponctuées par Gérard Le Gouic d’un éclairage par ci, d’une confidence par là.
  • Puis, la glace se brisant, viennent les premières questions : pourquoi vos poèmes ne sont-ils pas rimés ? Parce qu’il est de son temps. Comment vous vient l’inspiration ? Tout semble l’inspirer. Etes-vous connu ? De certains, oui, et même traduit en neuf langues ! Vous astreignez-vous à écrire tous les jours ? A quel moment ? Comment savez-vous qu’un poème est achevé ? Quand décidez-vous d’en faire un recueil ?
  • Petit à petit le poète nous dévoile sa façon de vivre en poésie : l’écriture, le matin, face à la fenêtre ouverte sur une nature infinie ; le passage du crayon, pour se lancer, à la machine à écrire, (oui, oui, la machine, pas le traitement de texte), quand il pense avoir terminé ; les poèmes classés en trois piles pour tenter de construire un recueil ; ceux qu’il aime moins, remisés dans une chemise en attente de la retouche qui leur fera retrouver grâce à ses yeux ; le petit carnet qui ne le quitte pas et qu’il révèle à notre curiosité, un peu comme si nous visitions les cuisines d’un grand restaurant.
  • Au-delà des vers, c’est aussi un peu de sa vie qu’il nous livre : l’enfance à Paris, les dix ans en Afrique, avant le retour vers cette Bretagne tant aimée, qu’il sillonne inlassablement, affichant 55 000 km par an au compteur d’une voiture qui ne va pourtant guère au-delà de Saint-Malo…le premier poème, encore étudiant, pour la revue interne d’une école de commerce, ceux écrits en Afrique, sur la Bretagne, et ceux écrits sur l’Afrique… en Bretagne.
  • Et puis les nouvelles, les fables, les pièces de théâtre. « Tenez, voici d’ailleurs comment est née la dernière… ». Et de faire rire son auditoire avec une anecdote pourtant teintée d’amertume. Car chez Gérard Le Gouic le sens des mots va de pair avec celui de l’humour, et son public passe par tous les états d’esprit, ému par une strophe, amusé par une fable, - Vous a-t-il raconté celle de la puce et de l’éléphant ? - , captivé par une nouvelle.
  • Un carnet en amenant un autre, le voici qui nous sort de sa musette son ultime trésor, dont la couverture noire griffée d’arabesque protège jalousement les haïkus écrits au printemps et non encore publiés. Numérotés de un à cent-trente-sept, ils ont rythmé son séjour près du Mont-Saint-Michel. Demandant à quelques heureux élus de choisir un nombre, il nous les offre comme un viatique avant de nous quitter, quelques mots qui résonnent dans le CDI et accompagnent les élèves vers le retour en classe et à la réalité. Il est bientôt 17 h 30 et la rencontre devait durer une heure…